Qu’advient-il de la sérénité quand on vous révèle froidement les abus commis par un homme au-dessus de tout soupçon ? Une voix encombrante vous assaille et vous peinez à reprendre sans claudiquer le cours normal des choses. Vous réalisez pourtant qu’une multitude de signes avaient essaimé au hasard des apprentissages. La colère et la honte de n’avoir rien dit s’ameutent dans un concert de dérives. La mémoire allonge un pas puis un autre et vous comprenez que vos propres enjambées ont transporté jusqu’ici le silence entamé de chaque violence.
Ainsi se déploie la trame de Et puis demain, ne pardonne plus. Au fil des poèmes, sans vouloir s’approprier le drame, l’auteur cherche d’abord à capter la douleur des filles et des femmes atteintes par le père. Il ne peut conjurer la hantise ni voir toute la subtilité de la destruction, mais il tend à traduire le vertige de porter en soi la vérité comme un héritage importun.
En premier lieu, y est décrite cette embardée du cœur quand le fils apprend à nommer les horreurs commises par le paternel. La seconde partie du recueil trace une ligne fiévreuse de l’adolescence jusqu’au moment où il deviendra père de famille à son tour. Finalement, en quelques textes denses, le fils-père se garde péniblement de saborder la lumière du jour en dépit des parfums d’inquiétude qui invitent à la débâcle promise.